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1. Le vieux pull gris
J'ai ressorti mon vieux pull. Celui de mes 14 ans. En laine. Chaud, confortable, rassurant. A cette époque, j'étais, je crois, plutôt pas mal. Je n'avais pas encore connu les blessures de l'amour, ni celles des décès, ni les couteaux dans le dos, ou autres mensonges et trahisons.
J'étais vierge comme la laine de ce pull. Et un peu piquante aussi.
Je n'étais pas encore usée et élimée, avec quelques bouloches avouons le.
J'ai vieilli! J'ai ramassé des coups dans la gueule, mais j'suis comme ce vieux fidèle pull gris. . Je tiens debout, je réconforte. Et quand viennent les beaux jours, ou les soldes de la nouvelle collection, on me range dans un placard. P'têt même qu'on pense à moi parfois. Un vague souvenir chaud, confortable, rassurant.
Alors, un jour, on me ressortira du placard, parcequ'au final, il était pas si mal ce pull gris. Par remord. Pour se soulager la conscience.
Mais un pull élimé, tu sais, c'est rancunier. Ça n'oublie pas les accrocs, les tâches, et les brûlures. Il en porte les cicatrices fièrement. Il n'a pas honte. Il a vécu...
On dit ça non? "Oh! Il a vécu!".
Vini, vidi, vici mec!
Wé... J'ai ressorti mon vieux pull. Celui de mes 14 ans.
Les larguées se cachent pour pleurer...
Les larguées se cachent pour pleurer.
C'est un fait!
"Tu mérites mieux"
"C'était pas la bonne!"
"Une de perdue!"
Marre d'entendre ces conneries... C'est censé me remonter le moral? Vraiment?
Célibatarde!
Ramasse!
J'suis épuisée. Et honnêtement, soulagée. Un peu... Pas le truc de ouf non plus.
J'ai pas envie de retomber dans une histoire qui sent le "déjà vu". Déjà ressenti. Je connais la fin.
Je suis pas vraiment triste. Pas une larme. Déçue d'y avoir cru. Juste ça.
Pourtant, j'suis conne moi aussi. Sans blague!
Croire qu'une meuf, qui direct me fait rire, qu'en plus je fais rougir! Le bonheur!
Sauf que... Sauf que!
Ben voilà. Elle vient de ma larguer. Classieux. Par téléphone.
Des reproches, encore des reproches, j'suis pas assez comme ci, j'suis trop comme ça. Et puis aussi, elle a des "impressions" (que je kiffe ce mot!), "il faut qu'elle travaille dessus", "c'est pas toi le probléme", bla, bla, bla... J'entrave pas. J'capte pas. Au final, j'sais même pas la cause de toute cette merde. Pourquoi on en est là. Comme si c'était un comble marrant.
Hier je racontais une rupture. Aujourd'hui, j'en vis une. Si aprés ça, on ose me dire de faire taire mon sixième sens, même pas en rêve!
Bref! J'suis célibataire. Célibatarde. Entre le soulagement, et l'agonie. Parceque aujourd'hui, là, ce soir, ça va. Mais demain, j'sais pas pourquoi, je sens que je vais ramasser!
Bla, bla, bla...
Quand j'suis sortie de ce bar, il pleuvait. J'ai remonté mon col et allumé une cigarette. Celle de la condamnée. Elle venait de m'annoncer que nous deux, c'était terminé. Point.
J'ai trouvé ça nul. Comme ça. Dans un café.
Elle a "rencontré quelqu'un". Elle pense "construire un truc avec". C'est "une bonne personne". Et "toi tu veux pas t'engager"! Alors... "Voilà Miss Nola Darling". Bla, bla, bla...
Mais bordel! C'est qui cette Nola Darling?!? Google...
Ah! Voilà! Voilà quoi? Spike Lee... Sex addict... Bla, bla, bla...
Ok! Ok! Bien!
J'ai marché sous la pluie jusqu'à ma voiture. J'ai mis la clef dans le contact. Y'avait ça comme musique, et la pluie sur mon pare brise... Et des larmes qui embuent mes yeux.
